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Il va y avoir des travaux de sécurité routière dans le bourg-centre très proche de mon domicile. C’est La Voix du Nord qui vous en informe. Super ! Le but est d’inviter les automobilistes à lever le pied. En ces temps de quatre-vingtisation de la vitesse sur route départementale, on va inciter les voitures à rouler moins vite en ville. Je dis : bravo. Car dans toutes les réunions de citoyens, on entend la longue plainte des voitures qui vont trop vite. « Un jour il y aura un accident ! » affirment-ils...

« Comment la ville compte renforcer, étape par étape, la sécurité routière ? » titre l’article. Un arsenal de mesures est proposé : élargir la zone 30, mettre des stops, installer des dos d’âne, des feux comportementaux, mettre de nouveaux stationnements… Et alors me direz-vous… où est le problème ? Le problème est dans le titre révélateur de l’article. C’est la sécurité routière qui est en jeu. On aurait pu lire un titre du type : « Comment la ville compte renforcer, étape par étape, la sécurité des piétons et des cyclistes ? » ou « Comment la ville compte assurer, étape par étape, le développement des modes doux, alternatifs à la voiture ? »… Mais non : c’est la voiture qui guide la réflexion et pas le piéton qui n’est qu’une résultante. La route reste l’alpha et l’oméga de l’aménagement de nos villes.

Assurer la protection des plus faibles : les parents et leurs poussettes, les enfants se rendant à l’école, les seniors à mobilité moins facile qu’avant, et toute la multitude de gens qui, de gré ou de force, n’ont que leurs pieds ou leur vélo pour se déplacer… on n'en parle pas ! Car, si beaucoup de ménages ont deux voitures à la campagne, bien souvent, c’est par obligation ; et, en y regardant de plus près, c’est souvent parce que leur choix de résidence est loin des commerces, des écoles, du centre. Un centre qui, d’ailleurs, pour ces mêmes raisons, peine à se maintenir.

Comment changer nos référentiels de pensée ? Comment promouvoir la voiture … au garage ? Comment inciter les élus à préparer - souvent réparer - la ville dont ils ont la charge à d’autres déplacements, plus sains, plus écologiques, plus apaisés, plus proches ? Et si les décideurs et élus arpentaient leur ville dans tous les sens, à pied, à vélo et pas seulement en voiture.

Oui, ce n’est pas de plus de sécurité routière dont nous avons besoin dans nos villes, nos bourgs et nos villages : mais, en priorité, de plus de sécurité piétonne et cyclable. Certes, dans le cas présent, la contrainte imposée sur la voiture devrait, espérons-le, apporter un peu plus de sécurité sur les modes doux. Mais alors prenons le problème par le bon bout !

En attendant, je ne pourrai toujours pas aller poster mon courrier à pied car les trottoirs de cette ville sont garnis de bagnoles qui m’obligent à marcher à grands risques sur la route départementale très fréquentée. Comme dit l’article : « Le maire ne peut rien faire en l’absence de police municipale ». Certes mais la gendarmerie est toute proche !

Il reste bien sûr la possibilité d’un (grand) débat local avec les citoyens pour poser le problème des comportements et de leurs changements : les CPIE(s) sont rodés à l’animation de telles démarches de sensibilisation, celui des Villes de l’Artois tout particulièrement.

Il y quelques jours l’ADAV inaugurait son nouveau local de réparation des vélos de l’ADAV au centre social Léon Blum, rue de l’Hippodrome, juste à côté de notre CPIE. Un partenariat avec le SMAV permet désormais de ne plus mettre à la benne les cycles inutilisés. Et si on remontait sur nos vélos, dans nos villes et nos campagnes, en toute « sécurité cyclable ? »

 

Philippe Druon,

Président du CPIE Villes de l'Artois