Les vacances ont ceci de bon, c’est qu’elles nous font voir d’autres lieux, d’autres villes, d’autres paysages. Lassé d’autoroute, je suis remonté de mon ouest balnéaire, mi-août, par la route de la « France tranquille ».
Comment décrire cette route ? En fait c’est l’inverse de l’autoroute. Autant celle-ci est lassante, souvent morne et répétitive, autant la route de campagne est rythmée de bourgs et de villes moyennes aux abords assez standardisés : un rond point d’entrée orné d’un objet rappelant l’histoire ou la particularité du lieu, la zone commerciale accessible que si vous avez une voiture, puis le bourg ou la ville traditionnelle plus ou moins aménagée : réseaux électriques enterrés ou non, stationnement anarchique ou géré, publicité omniprésente ou maîtrisée, débauche de panneaux inutiles ou fléchages incitatifs des lieux de tourisme, espaces verts insignifiants ou véritable plan de plantation le long des axes, incitation ou non à une vitesse modérée… On le voit l’action des maires transparaît assez vite, très souvent dopée par les politiques départementales d’aménagement. Le passage d’un département à l’autre est souvent révélateur de leur impact à ce sujet
J’ai tendance à penser que les communes qui, par leur seule volonté, ont maîtrisé l’aménagement de leurs espaces, influent sur le comportement et le bien-être de leur citoyens. Paysage plus soigné, environnement protégé, sécurité assurée sont autant de facteurs de satisfaction, d’éducation populaire et de respect mutuel, tous âges confondus.
A l’inverse, on comprend bien que l’habitant devant supporter un environnement de « seconde zone » y porte peu d’intérêt ou prenne même de mauvais comportements. Mais si un cheminement doux mène directement à l’école, les parents conduiront leurs enfants à pied en pédibus. Si le trottoir est vraiment réservé au piéton, les voitures se gareront sur les parcelles ou sur les zones réservées.
Bien sûr, le nerf de la guerre est la capacité du maire à gérer la situation, à choisir des options d’aménagement qui devront, bien sûr, privilégier « les plus faibles » comme disent les textes. Ces travaux de voirie, pour la plupart, sont d’excellentes occasions d’engager un débat avec la population ou avec les enfants des écoles. Il est alors possible de replacer les remarques des habitants -souvent très nombrilistes- à l’échelle plus large des nécessités de la pratique citoyenne communale. « Un homme qui n’est pas informé est un sujet, un homme informé est un citoyen » disait Alfred Sauvy.
Philippe Druon
Président du CPIE Villes de l'Artois